Philosophes, vous êtes de votre Occident ». Telle pourrait être l’apostrophe rimbaldienne que nous adresse cette sentinelle assise. Elle lutte contre le sommeil et nous regarde avec insistance alors que, derrière elle, sous la protection de la croix et de l’ange qui inonde de lumière cette scène nocturne, dort l’Empereur Constantin, rêvant de la victoire finale du lendemain.
Revenant d’un voyage où nous avions vu ensemble les fresques de Piero della Francesca à Arezzo, Michel d’Hermies m’avait dit un jour, revenu à Paris : « pourquoi ne pas prendre Piero comme prétexte ? » Ce vœu, nous avons tenté d’y répondre : l’ange, la nuit, Piero della Francesca, le regard interrogatif à nous adressé, l’ambiguïté d’un Occident dominateur en train de naître à la confluence de l’Antiquité et du Christianisme, autant de thèmes qui apparaissent parmi les multiples questions (esthétiques, existentielles, littéraires, politiques…) abordées dans ces sortes de fragments d’un discours amoureux de « MDH ». Ce grand amateur d’art fut professeur de philosophie en khâgne au lycée Henri-IV de Paris.
Gilles Kepel
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